Cyril Fersing - Maître de conférences des Universités / MCU
Emmanuel Deshayes - Docteur / Dr
La médecine nucléaire est une spécialité médicale qui utilise des rayonnements ionisants à des fins diagnostiques ou thérapeutiques. Les sources radioactives utilisées, dites « non scellées », contiennent des isotopes à visée médicale et acquièrent alors le statut de « médicaments radiopharmaceutiques » (MRP). Cette discipline n’est pas nouvelle : le radioisotope 131 de l’iode est utilisé depuis plus de 80 ans pour traiter certaines maladies de la thyroïde, bénignes ou cancéreuses. Ces dernières années, de nouveaux MRP ont permis un élargissement considérable des applications cliniques, notamment à d’autres types de cancers, dont certains fréquents comme le cancer de la prostate. Ces MRP récents sont composés d’une molécule dite « vectrice », capable de se fixer sur une cible spécifique dans l’organisme, à laquelle est associé un radioisotope. En fonction du type d’isotope utilisé, la médecine nucléaire permet dans un premier temps d’identifier la présence de ces cibles au sein des tissus ou organes d’intérêt, grâce à l’imagerie diagnostique scintigraphique (utilisant des émetteurs gamma) ou à la tomographie par émission de positons (TEP). Ensuite, si ces cibles sont suffisamment exprimées, il est possible de remplacer l’isotope initial par un isotope thérapeutique (émetteur de particules bêta moins ou alpha), permettant de traiter spécifiquement les cellules ciblées. On parle alors de radiothérapie interne vectorisée et d’approche « théranostique », qui rapproche diagnostic et thérapie. L’exposé, après un bref rappel historique de l’utilisation médicale de la radioactivité, se concentrera sur la manière dont sont fabriqués les médicaments radioactifs, ainsi que sur les techniques d’imagerie et de traitement qui en découlent, avec un focus particulier sur les enjeux et défis futurs de cette discipline en pleine évolution.