Discipline : Littérature et civilisation allemandes
Cette conférence vous sera présentée par :
Maurice Godé - Professeur émérite / PU ém
Dans ses écrits autobiographiques, Thomas Mann tend à idéaliser le couple parental dont il aurait hérité des qualités. Paraphrasant Goethe, il écrit ainsi en 1931 qu'il ferait preuve dans la conduite de sa vie "du sérieux" de son père et de la "nature enjouée" et "du plaisir de fabuler" de sa mère. Aussi son propre mariage avec Katja Pringsheim, en 1905, est-il vu par lui comme le terme d’une période d'errance sentimentale, comme un "bonheur discipliné", un retour à une normalité qu'il justifiera par la suite dans son essai de 1925 Du mariage. En revanche, ses premiers récits et son roman Die Buddenbrooks (1901) présentent une image négative des femmes et, plus généralement, de la sexualité : le "petit" Monsieur Friedemann d'un récit éponyme paru en 1897 s'éprend pour son malheur de Gerda von Rinnlingen, noble hautaine et prétentieuse. C'est une autre "Gerda", aussi froide que la première – elle ne s'anime que pour jouer du violon –, qu'épouse pour son malheur Thomas Buddenbrook. Lorsqu'elle n'est pas "fatale", la femme, d'une fragilité pathologique, est mariée à un personnage caricatural comme le "marchand en gros Klöterjahn" dans le récit Tristan. Lisaweta Iwanowna, amie et conseillère avisée de Tonio Kröger, qui concilie l'art et la vie, paraît être une exception. Le conférence présentera les diverses figures du féminin dans les récits de Thomas Mann écrits entre 1893 et 1912 sur le fond des discours sur la sexualité (de Richard von Krafft-Ebing notamment) qui prolifèrent au tournant du siècle.