Si l’eau évaporée à la surface des océans n'était pas transportée au-dessus des terres émergées, les précipitations continentales seraient inexistantes, ainsi que les rivières et les nappes s’eau superficielles. Ainsi, la vision météorologique classique postule que la dynamique atmosphérique transporte avec les vents la vapeur d'eau au-dessus des continents, ce qui contrôle au premier chef les précipitations continentales.
Toutefois, il a aussi été proposé que les précipitations continentales soient largement contrôlées par les grandes forêts continentales, qu’elles soient équatoriales ou boréales. A l'appui de cette hypothèse, les données montrent une pluviométrie assez constante au-dessus des grandes forêts primaires, alors que les précipitations décroissent vers l’intérieur du continent dans les zones peu boisées. Pour cette communauté de recherche, la forêt joue le rôle de « pompe biotique », attirant la vapeur d’eau océanique des océans pour s’alimenter en eau.
Cette vision rejoint des mythes et des croyances anciens, qui accordaient à la forêt la capacité d'agir sur le climat. A présent, sous la double contrainte du réchauffement climatique et de déboisement mondial, il est capital d’appréhender correctement la réalité (ou l’irréalité) du rôle des forêts sur les précipitations, dans la mesure où la restauration forestière pourrait être un moyen de réactiver le cycle de l’eau continentale.
En utilisant un modèle physique simple intégrant le cycle complet de l’eau : océan, atmosphère, forêts et hydro-systèmes souterrains, je discuterai les facteurs qui contrôlent le maintien ou le déclin des précipitations continentales, et les conséquences pratiques en matière d'aménagement du territoire.