La mort est un thème qui, à défaut de nous réunir, nous concerne toutes et tous. Bien qu’elle transcende les clivages disciplinaires et qu’une littérature abondante lui ait été consacrée au fil du temps, force est de reconnaître qu’elle demeure essentiellement une énigme. Comment ne pas se perdre dans l’océan des aphorismes sur la mort ? Pire : comment les faire tenir ensemble ? Florilège : « la mort n'est rien pour nous » (Epicure), « la vie, c’est la mort » (Claude Bernard), « ce sont les organismes qui meurent, pas la vie » (Gilles Deleuze), « la vie est la somme totale des fonctions qui résistent à la mort » (Xavier Bichat), mot qu’Edgar Morin complètera par « en s’aidant en même temps de la mort ». La conférence explorera la face biologique de la question, en prenant en considération certains aspects évolutifs (de biologie de l’évolution) et philosophiques (de « métabiologie »). Alors que les mythes et les philosophies de la mort ont cherché à la justifier, à lui donner un sens, la biologie contemporaine est la seule discipline à avoir réussi le tour de force de pouvoir…l’expliquer. De la mort, il est aujourd’hui possible d’inférer les causes proximales (ses mécanismes, le comment) et les causes ultimes (ses fonctions, le pourquoi). L’histoire ne s’arrête pas là pour autant : alors que certains organismes (comme les saumons) meurent subitement après s’être reproduits, d’autres ont quant à eux réussi à la déjouer, que l’on pense à Pando (un arbre-forêt vieux de 80 000 ans), au tardigrade (qui survit dans l’espace), ou à la méduse immortelle. Mais les transhumanistes l’ont bien compris : pour nous autres humains, la nature est mal faite et il revient aux technosciences de nourrir la seule quête vouée à ne jamais s’éteindre : celle de l’immortalité.