Vers l’explication automatique de contenus figurés : la métaphore, une analogie à trous ?
Discipline : Informatique
Cette conférence vous sera présentée par :
- Jérémie Roux - Doctorant / Doc
On s’intéresse au traitement automatique des métaphores et on dispose d’une base de connaissances (bk). Prenons une phrase comme “Le soleil se noie dans son sang”. La bk considérant que le soleil n’est pas une entité capable de se noyer (au sens propre) fait qu’on interprète cette phrase ou bien comme une métaphore, une analogie, un jeu de mots ou une entité phraséologique. La bk nous donne cependant des informations sur les mots constitutifs de cette phrase. On pressent qu’il s’agit d’un coucher de soleil (car le sang est rouge, comme la couleur de la mer - qui est aussi un liquide - au crépuscule). On pourrait alors reformuler par “Le soleil se couche sur la mer/un lac/une étendue d’eau.”, mais comment effectuer une telle tâche automatiquement ?
Soit l’analogie “A est B ce que C est à D” s’écrivant A:B::C:D. On dit qu’il y a :
• similarité relationnelle (correspondance entre les relations de deux paires de concepts) :
– RAB = A : B (avec A et B ∈ domaine source DomAB)
– RCD = C : D (avec C et D ∈ domaine cible DomCD)
– Il est possible d’avoir une correspondance A → B (respectivement C → D) transférant la connaissance d’un concept source généralement familier et concret A (respectivement C) à un concept cible généralement abstrait B (respectivement D)
• analogie entre RAB et RCD quand la similarité relationnelle (proximité RAB-RCD) est élevée
• similarité attributionnelle (correspondance entre les attributs de deux concepts) entre A et C (co-P) et entre B et D (co-P), P étant la relation sémantique vue comme un prédicat unaire de même valeur
L’idée est de considérer une métaphore à partir de cette définition de l’analogie en plaçant deux inconnues de domaines différents et n’étant pas co-P : A et D ou bien B et C. Le problème dans notre exemple se résume alors à compléter/résoudre l’analogie à trous soleil:X::Y:sang pour trouver des valeurs possibles pour X et Y, faire expliquer la métaphore à l’ordinateur pour finalement vérifier si cette explication a un sens et valider l’éventuelle reformulation.
On représente les mots comme des nœuds dans un graphe et les relations entre les mots comme les arêtes orientées entre ces nœuds. On note R(A,B) la relation de type R allant de A vers B. L’algorithme fonctionne en considérant l’ensemble des relations dans la bk depuis le mot “soleil” soit les Ri(soleil,X). On cherche ensuite dans la bk les nœuds de départ possibles pour chacun de ces types de relations précédemment collectés et allant vers le nœud “sang”. Il s’agit des Ri(Y,sang) ce qui équivaut à R-i(sang,Y) avec R-i la relation conversive à Ri. Pour aller plus loin, on peut raisonner par induction avec des chemins de longueur 2 ou 3. L'ensemble des solutions partielles constitue globalement une explication de la métaphore tout en étant des manières différentes de la résoudre.
Chacune des relations R(A,B) a un poids dans la bk enrichie par des jeux auxquels des utilisateurs participent. On peut ainsi ordonner les relations d’un même type depuis un nœud selon leur force d'association, choisir des priorités parmi la centaine de types de relations disponibles, autoriser des inférences logiques selon le type et bien d’autres choses encore. On a au final un outil fonctionnant de pair avec une bk déjà existante et permettant de résoudre une métaphore en trouvant les inconnues de l’analogie à trous qui en résulte.